C’est au moine bénédictin Espagnol Pedro Ponce de Leon que l’on attribue le rôle de précurseur de la langue des signes. Cet homme d’église, à la fin du 16e siècle est l’un des premiers à affirmer l’existence d’un alphabet manuel et commencer à l’enseigner auprès d’enfants dont il était le précepteur.
Un travail repris quelques 2 siècles plus tard par l’abbé Charles Michel de l’Epée – qui est considéré à tort, encore aujourd’hui, comme étant le premier homme à s’intéresser de près à la communication non verbale – et accessoirement père fondateur de la langue des signes Française.
C’est en observant des jumelles sourdes et muettes “parler”, qu’il voulut approfondir ses travaux dans ce domaine, nous sommes à l’époque en 1760.
Pourquoi un intérêt aussi tardif ?
La manière de communiquer des personnes sourdes avec les autres se faisait à partir de gestes très « simples » (c’est d’ailleurs pour cela que la population et les institutions ne reconnaissaient pas cela comme une langue) – sauf lorsqu’ils se regroupaient entre eux et qu’ils pouvaient enrichir leur langue.
Pour la majorité, les sourds étaient des simples d’esprit. Les grands penseurs et philosophes ont pris le parti de ces fabulations. Platon et Aristote, par exemple, affirmaient que le fait de ne pas avoir accès à la parole était un signe d’absence de raison.
Ce n’est que plusieurs années… siècles plus tard, lors de la dissection de cadavres de personnes sourdes que mutisme et surdité ont été comprises, physiologiquement parlant.
S’en est suivi une longue période éducative qui a permis aux personnes sourdes d’avoir leur propre langage.
Une prise de conscience qui a duré jusqu’à l’époque de l’abbé Charles Michel de l’Epée dont l’influence et le travail ont fait passer un cap à la langue des sourds et muets.
Comment ? En instaurant un enseignement collectif (jusqu’alors l’instruction des sourds, notamment les enfants, était dispensée par un précepteur). Il apprend d’ailleurs lui-même la langue des signes de l’époque et remonte jusqu’à la Cour de France pour prouver les progrès de ce système éducatif.
Les résultats étant plus que concluants et les instances plus ouvertes sur ces pratiques et ce nouveau langage, l’abbé pu ouvrir la toute première école pour sourds, devenu aujourd’hui l’Institut Saint-Jacques.
L’évolution de la langue des signes Françaises
Fin du 19e siècle, la langue des signes Française brille de mille feux.
Reconnue comme langue à part entière, elle est considérée comme la manière la plus simple et efficace d’apprendre la langue Française par les sourds.
Mais une période sombre arriva, en 1880 exactement, où a eu lieu le congrès de Milan.
Le congrès de Milan de 1880 et l’interdiction de la langue des signes en classe
Même si la cote de la langue des signes était à son paroxysme, beaucoup considéraient que les sourds avaient l’obligation de parler – d’apprendre tout du moins – pour pouvoir vivre en société.
Sachant que les apprentissages de la langue des signes étaient basées pour ne pas dire copiées des méthodes d’apprentissage de la langue orale.
C’est au Congrès de Milan qu’on a assisté à un retour en arrière avec une validation collective pour l’abandon de la langue des signes dans le système éducatif Français car :
- la LSF n’était finalement pas considéré comme une vraie langue
- la parole aurait été donnée par Dieu comme moyen de communication
- les signes empêcheraient les sourds de bien respirer, ce qui favoriserait la tuberculose.
Cette interdiction dure près de cent ans, pendant lesquels les professeurs sont entendants et utilisent exclusivement la méthode oraliste.
Cependant, malgré l’interdiction de signer en classe, la LSF ne disparaît pas, les sourds se la transmettant de génération en génération, la plupart du temps pendant la récréation.
1 siècle passé sous silence puis…
Il a fallu attendre les années 80 et William Stokoe, linguiste, pour que la langue des signes soit perçue comme une véritable langue et 2005 pour qu’elle soit reconnue officiellement Langue, à part entière.
Enfin, depuis les années 90, les sourds et la LSF commencent à avoir une renommée dans le grand public, par des émissions comme « La marche du siècle » consacré aux sourds.
Et par le Molière de la révélation théâtrale décerné à Emmanuelle Laborit, comédienne sourde, pour son rôle dans Les Enfants du silence.
Désormais, bon nombre de pièces de théâtre sont signées, ainsi que des interviews télévisées.
La langue des signes française, pilier de l’identité de la culture sourde, est pratiquée par des
personnes sourdes et malentendantes, mais aussi permet une communication avec des personnes autistes.
La LSF est pratiquée par environ 169 000 personnes dans le monde dont environ 100 000 en France, selon une étude effectuée en 2014.
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